J’ai passé une année toute pourrite en 2023. Le comble, me direz-vous, parce que j’ai tout pour être heureuse. Et malgré cela, voilà-t-y pas que je t’y fais une dépression. Encore une preuve que parfois, c’est pas une histoire de situation, c’est juste un problème de déséquilibre chimique dans le cerveau.

Pendant les premiers mois, j’ai pas compris ce qui m’arrivait. J’ai eu quelques petits passages à vide par le passé, et je n’avais pas eu grand chose à faire, c’était passé tout seul. Et là, ça ne passait pas. Envie de rien. Plus de projets. Assez de force pour m’occuper de ma maison et de ma famille, mais pas grand chose de plus. J’ai laissé tomber tous mes projets, d’un coup, avec regret—mais je n’avais plus envie d’eux.

Moi qui ne sais pas m’ennuyer, qui ai toujours envie de faire mille choses… c’était pas normal. J’étais rage, et en même temps je n’avais pas la force de l’être. C’était une rage molle, une rage beurk. Une rage crougne, qui ne sert pas à grand chose à part s’enfoncer encore plus.

On va pas s’étendre là-dessus trente ans: mon docteur m’a donné des anti-dépresseurs et des anxiolytiques, et ça va ‘achement mieux.

Mais une autre chose qui m’a fait du bien, c’est de nidifier à mort notre chez-nous.

Jusqu’ici, je n’ai jamais trop décoré mes chez-moi. Toujours locataire, à part une fois propriétaire dans une maison où la vie était difficile et que je n’avais pas investie, j’ai toujours pensé que ça ne servait à rien de faire des efforts pour un endroit où je ne resterais pas. Et pour la première fois dans ma vie, je me sens vraiment chez-moi.

Notre maison, L’Artypique, ça a vraiment été un coup de coeur. Mon épouxe l’a aimée dès qu’il l’a vue, et moi elle m’avait fait de l’oeil déjà rien que sur l’annonce. Elle est dans un quartier sympa, pas trop loin du centre de Toulouse. Elle est spacieuse. On l’a refaite de A à Z (ou presque), elle est comme neuve—grâce à la chance que nous avons eue de l’acheter à un prix bien plus bas qu’annoncé, c’était tout à fait dans nos moyens. On a trois chouettes chambres (quatre, maintenant, avec le garage, transformé en boudoir de Snandy, qui peut aussi faire chambre d’ami·e·s).

Et surtout, ce qui me faisait énormément envie: un énorme espace pour que je m’étale, et qui est devenu mon Artelier. Je me souviens, il y a quelques années dans notre location précédente… je rêvais d’avoir un espace pour créer. J’avais cédé mon “bureau” à mon tendre épouxe pour qu’il puisse travailler tranquille, et moi je vivais sur le lit, avec un plateau et un set de tiroirs sur le côté où je rangeais mon fourbi. J’avais vu le “studio tour” d’une dame aux États-Unis, qui avait carrément installé sa craft room dans son salon/salle à manger. C’était immense. Y’avait des bureaux partout, des rangements partout. J’en avais des étoiles dans les yeux, sans penser qu’un jour je pourrais avoir la même chose.

Et du coup, cette grande pièce qui était au départ un salon secondaire, je me la suis appropriée. Et, miracle des miracles, Snandy n’a pas refusé. Et ce, sachant que j’allais en faire un espace rien que pour moi, parce que j’aime vivre en famille mais que j’ai aussi besoin de silence et/ou de solitude en journée pour créer.

Mais malgré ça, je n’avais pas encore investi mon Artelier. J’avais des chouettes meubles de rangement, tout le confort qu’il faut, tout le matériel qu’il faut… mais c’était vide d’âme.  Tout était hyper minimaliste sur les surfaces, ayant tout rangé dans mes miyons de meubles.

Depuis que j’ai commencé à décorer la maison, et mon Artelier, je me sens de mieux en mieux. J’aime regarder tous les petits objets que je disperse autour de moi. Je suis passée de minimaliste à “curated maximalist”. Je veux m’entourer de ce qui m’apporte de la joie.

C’est d’ici que je vous écris. C’est mon coin “taf et projets”, et c’est l’endroit où je passe le plus de temps quand je suis dans mon Artelier. Rien n’est rangé en ce moment, donc il y a des bouquins qui traînent parce que je m’y réfère ces temps-ci, mais c’est suffisamment propre pour que je m’y sente bien.

À côté sur la gauche, y’a mes crevetteskis, qui me tiennent compagnie pendant la journée. J’adore les voir tricoter dans leur Shrwamp, et même si je leur prépare un aquarium plus grand pour qu’elles s’épanouissent encore plus, je pense que j’en garderai quelques unes près de moi.

Et après, il y a le seul PC que j’utilise (je suis revenue de Windows et Linux, je suis une Mac Girl dorénavant), qui me sert pour le gaming. J’ai toujours un jeu idle qui tourne en fond, et après on passe parfois nos après-midi du week-end, Snandy et moi, à tuer des zombis ou autres dinosaures. Il s’installe sur mon bureau perso, et comme ça on est dans la même pièce pour pouvoir se coordonner plus facilement contre les ennemis.

Et ensuite, encore vers la gauche, j’ai mon mur bleu, avec mon aquarium 239 litres tout neuf. La cheminée à côté est pleine de fouillis, en attendant qu’on se fasse installer une cabane de jardin. Et à côté mon superbe chevalet. J’ai oublié de prendre le meuble qui va avec—c’est un meuble à roulettes où je peux ranger toutes mes peintures, et poser mes pinceaux, bocaux, etc.

Autre méga-fouillis en fond, ne regardez pas! 😀

Encore à gauche du mur précédent, j’ai une bibliothèque qui sert à tout ce qui est artistique, et qui contient une partie des papiers admins dont il faut que je m’occupe. J’ai aussi un cart où j’ai des fournitures artistiques. Pour moi, tout ce qui est loin des yeux n’existe pas, donc pour arriver à m’en servir il faut que ça soit devant moi. Là, j’ai tout à portée de main, et juste à tirer ou pousser le cart selon mes besoins.

Sur le petit bureau à gauche, qui devait me servir d’atelier de couture, il y a l’aquarium de Jeffrey Dahmer—mon guppy psychopathe qui a tué six autres guppies. Il est puni, tout seul, y’en a marre des couneries.

Ça, c’est mon bureau “perso”. C’est la que je bullet journal, que je dessine, que je bricole, etc. J’ai mon ordi perso dessus, où je ne fais aucun travail—c’est réservé aux moments de détente, afin de ne pas être tout le temps le nez collé sur mes articles ou les réseaux sociaux. J’y papote avec mes amis les plus proches, et c’est bien.

Encore à gauche, après une rangée de meubles Alex où je range tout mon fourbi artistique, j’ai une partie de ma laine, et après la porte qui donne sur la cuisine, une vitrine avec mes trésors. Oui, c’est le fouillis là-aussi, mais c’est un mal nécessaire, et un jour prochain tout cela sera mieux rangé.

J’ai fait un peu de vide dans mes livres. Ouste, une majorité de livres sur les pervers narcissiques—je pense que ça plombait l’ambiance. J’ai gardé mes livres sur l’écriture, sur le développement personnel, et l’idée est de n’avoir de livres que dans cette bibliothèque (à part les livres sur l’art, que j’ai dans la bibliothèque précédente). Tout ce qui est romans, je lis sur Kindle, donc ça limite les besoins en place.

À gauche encore, il y a un coin salon envahi par nos chats et une télé. J’y vais peu, parce que c’est rempli de poils, même après avoir lavé les couvertures dont je recouvre les fauteuils. Finalement, c’est les matous ici qui sont les mieux lotis. 😀

Ces derniers temps, on a arrangé les chambres des enfants, et le boudoir de Snandy, pour avoir un maximum de rangement et d’efficacité. J’ai rajouté des illustrations dans l’escalier, à la buanderie et à la cuisine. Petit à petit, la maison est investie d’une manière dont elle n’était pas avant. Snandy ne s’est pas fait prier pour décorer son boudoir avec des trucs rigolos, et c’est super chouette.

Alors, un espace, certes, ça ne fait pas tout. Le mieux, c’est quand toutes les bonnes choses sont réunies.

Je suis quelqu’un de très casanier. Je n’aime pas spécialement sortir. Être bien chez-moi, ça m’est essentiel. Avoir un espace qui incite à la créativité aussi. Sentir le soutien des gens que j’aime, qui comprennent mes besoins, qui encouragent mon travail, qui sont là derrière moi pour m’épauler ou me rassurer. Qui me répètent que je mérite d’avoir cet espace. Que ce que je fais a de la valeur.

Être bien chez soi, ça passe par se l’approprier. Par se sentir à sa place—dans le lieu, et au sein des personnes qui vous entourent.

Je vous souhaite le même bonheur que le mien.

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Féministe multipotentielle et omnipassionnée. Neurospicy, malade chronique, et assidue de la slow life.

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