Little ghost floating in a field.

Sur les accords de la chanson “You’re Dead” de Norma Tanega.

Bon, ben, contrairement à la croyance populaire, je ne suis pas (complètement) morte. Je suis juste aux trois-quarts morte. Ça laisse des possibilités, c’est vrai.

J’ai passé environ trois trimestres à en baver. Mentalement. Moralement. Mais aussi physiquement.

Je sais même plus si on en a parlé, mais en plus de mes heurts mentaux (anxiété, dépression…), je suis aussi malade chronique, et fatiguée chronique. Alors, si on en croit mon médecin, c’est “que dans la tête” et j’ai rien (merci encore Dr Moudubulb pour cette analyse tellement pas grossophobe, validiste et misogyne, heureusement que vous êtes là).

Et pourtant, j’en ai passé des journées à ne pas pouvoir me lever. À avoir mal partout. À être raide comme un balai. À perdre la mémoire, à ne pas trouver mes mots. À subir des angoisses, à n’avoir plus envie de rien. À ne plus réussir à travailler.

Oh, il y avait sans doute des circonstances environnementales. Je vivais mal, alors que notre petit chez-nous est supposé être un endroit calme, serein, idéal. J’ai dû me réfugier dans ma chambre à l’étage pour avoir enfin la paix. La négativité constante à la maison me bouffait.

Je me souviens que par le passé j’avais déjà vécu chez mon ennemi, sauf que là mon “ennemi” était chez moi, et j’avais pris la responsabilité de le garder pour un temps indéterminé.

Y’a pas eu que ça, hein, soyons clairs. Mais c’est ce qui a été le plus pesant, le plus pénible.

Moi qui avais bien juré que je ne laisserais plus jamais rentrer des gens toxiques chez moi, je me suis bien faite bananer. Le toxique n’enlève pas son masque tant qu’il n’est pas sûr d’avoir “coincé” ses victimes. Et coincés, on l’était, avec une personne qui ne faisait aucun effort pour partir. Et s’il y a évidemment plusieurs niveaux de toxicité, finalement il n’en faut pas beaucoup pour pourrir l’ambiance et faire regretter aux gens d’avoir de l’empathie et d’aider les autres.

Nos valeurs morales nous défendaient d’agir, de poser des ultimatums, de pousser la personne toxique hors de chez nous. Parce qu’on pouvait pas s’empêcher de penser qu’on serait des salopards de lui intimer de se magner le cul de partir. Et ça, la personne toxique le savait, et en jouait.

Les vieilles habitudes de se taire pour garder la paix, de marcher sur des œufs, de ronger son frein et attendre qu’un jour les choses changent, sont revenues comme si de rien était.

Jusqu’au bout, on en a chié, mon tendre épouxe et moi. Pour mon fils aîné, heureusement, tout ça lui passait au-dessus (cet enfant est l’Amour, pur, puissant). Pour mon fils cadet, on s’interposait dans les discussions lorsqu’elles devenaient trop négatives (il a déjà tendance à prendre exemple sur l’autre toxique, du coup on se passe du cumul des influences toxiques).

Bref. Je suis aujourd’hui vaccinée. Je vais faire tout mon possible pour me souvenir du dicton: “trop bon, trop con”. Je ne veux plus personne chez moi s’il n’y a pas une date claire (et proche) de leur départ. Je n’ouvre plus ma porte pour faire de bonnes actions. Parce qu’on finit toujours par le payer, quand il y a du toxique dans l’air. No good deed goes unpunished.

C’est quand même terrible de se dire que les personnes toxiques arrivent à nous dégoûter de vouloir être humains.

Après huit mois à vivre chez nous gratuitement, à bénéficier de notre soutien, de notre aide physique et morale, de tous les dossiers administratifs faits pour elle, je me suis quand même entendue dire que personne ne l’avait jamais aidée. La personne toxique est partie, droite comme un i, en ne nous regardant pas, en ne nous disant ni mange ni merde. Plus de nouvelles—et tant mieux. Je l’ai finalement bloquée de partout, me sentant à la fois coupable et soulagée. Perso, c’est terminé, je ne tiens pas à être recontactée. On sait de toute façon qu’elle doit être en train de nous tailler une jupe, comme elle l’a fait avec nous avec toutes ses autres connaissances…

Aujourd’hui, je récupère tout juste mon espace vital. On recommence à peine à respirer. On en parle une fois de temps en temps, pour se dire “proutin, qu’est-ce qu’on est bien chez nous maintenant”. L’envie de vivre revient petit à petit. Les capacités mentales et motrices, aussi (ce qui montre clairement que l’environnement toxique n’aidait pas à ma santé, ni morale ni physique).

Je vais revenir écrire ici. Je vais me lancer dans quelques petits projets qui me trottent dans la tête. Et je fais retrouver le plaisir de vivre.

2 Comments

  1. Patate des ténèbres

    Ah oui, je l’ai encore fait il y a peu, avec quelqu’un de la communauté que je ne connaissais pas forcément bien (alors que je m’étais juré de rester en mode ours hibernant pour le reste de ma vie) mais qui avait besoin d’un dépannage… En fait, je pense que j’aiderai encore, si les personnes pouvaient se taire et ne pas aligner pleins de jolis mots vide de sens. Je sais déjà que je suis un gros pigeon, pas la peine de m’expliquer que je suis génial (ça aussi, je sais que je le suis). Si ces personnes se taisaient, je pense que je continuerai, n’attendant rien des gens en général.
    Bref, j’espère que ta personne toxique n’a rien oubliée derrière elle, et que tu savoures ta quiétude!

    Reply
    • Nathalie Julien

      Oh si, elle a “oublié” des choses, pour nous les mettre dans le nez ou autre tactique toxique. Spa grave, c’est pas perdu.

      Courage à toi. Moi j’abandonne la gentillesse, désormais je ne serai que vile et méchante! 😀

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Féministe multipotentielle et omnipassionnée. Neurospicy, malade chronique, et assidue de la slow life.

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