Je me suis inscrite en tant qu’artiste-autrice à l’URSSAF. J’attends qu’ils fassent les corrections nécessaires pour que mon activité commence le 4 septembre 2025 au lieu de 2024 (et qu’ils cessent de me réclamer des souxes alors que j’ai pas encore commencé à travailler).

Pendant ce temps-là, à l’Artelier, le chaos règne. Tout est poussiéreux, tout est sous des bâches, et les travaux avancent (même si ils n’avancent pas aussi vite que j’aurais voulu). Les fenêtres qui donnent sur la cuisine ont été bouchées, me permettant à la fois de pouvoir utiliser les murs pour des rangements, et à la fois de récupérer un peu de tranquillité et d’intimité (je me sens espionnée par la tête de mes fils qui jettent un œil sur ce que je fais à longueur de journée—c’est pas grave dans l’absolu mais ça me perturbe dans mes élans créatifs).

La cheminée de l’Artelier est aussi partie au passage. Ça me laissera plus de place pour des plans de travail, au lieu d’avoir quelque chose de, certes, joli, mais inutile—je sais pertinemment que je ne ferai jamais de feu de bois à la maison.

Et moi, je suis dans ma chambre, et je me morfonds. J’ai passé déjà de nombreux mois loin de mon espace créatif vital, et même si c’est dans une bonne perspective (je vais avoir plus d’espace pour m’étaler, et même une kitchenette!), c’est de plus en plus pesant.

Me voilà donc coincée, loin de mes ordis, de mes fournitures artistiques, et ce temps que je pensais utiliser pour me reposer devient de plus en plus long, et j’ai envie de commencer à réfléchir à mon activité d’artiste-autrice prochaine.

Alors comme en écriture et en JDR on fait du worldbuilding, je vais faire un peu de tafbuilding.

Ce que je veux

Je voudrais trouver un moyen de gagner ma vie en ne faisant que ce qui me plait. Je sais que j’ai de bonnes idées, et je sais que lorsque je suis motivée je produis des contenus que les gens apprécient.

Je veux éviter les niches, et être la niche moi-même. Je veux que les gens qui viennent regarder (ou acheter) ce que je fais le fassent parce qu’ils sont intéressés par ce que je crée, pas juste par le sujet traité à ce moment-là. C’est probablement mégalo de ma part, mais personnellement je m’attache aux personnes que je suis qui créent des contenus, donc je sais que ce n’est pas inimaginable.

Je veux créer. Écrire, dessiner, faire de la musique. Je veux jouer à des jeux vidéos, programmer. Je veux partager mes connaissances et aider autrui à devenir leur meilleur eux-mêmes.

Ce que je ne veux pas

Savoir ce qu’on veux, c’est bien et c’est important, mais savoir ce qu’on ne veut pas (ou ce qu’on ne veut plus) est crucial pour bien vivre son activité. Par le passé, j’ai souvent suivi les exemples qu’on me donnait. Pour “réussir”, il fallait faire X et Y, pas Z—mais ça ne marchait jamais pour moi, et au passage j’en souffrais.

Je ne veux pas faire “comme les autres”. Forcément, il y aura des similarités, mais je ne regarderai pas ce que les autres personnes dans la même activité que moi font pour les imiter—seulement pour m’en inspirer. Et il faudra que je trouve le moyen que cette inspiration colle à ma manière de fonctionner.

Je ne veux pas de “chef”. Je veux prendre toutes les décisions, faire ce qui me semble le mieux, choisir mon cheminement et où je focalise mes efforts. Je ne veux plus qu’on me dise si ce que je fais est bien ou pas, si c’est trop ou pas assez, si je devrais faire ci ou ne pas faire ça.

Je ne veux pas de deadlines. Lorsque je ressens de la pression de me dépêcher, non seulement je ne produis pas mes meilleurs contenus, mais en plus ça me bloque et je n’arrive plus à rien. Je vais me focaliser sur la création de petits projets, essayer de les faire assez rapidement pour pouvoir les publier régulièrement, mais je ne vais pas me faire d’agenda, et je ne vais pas les annoncer tant qu’ils ne seront pas prêts.

Je ne veux pas d’obligation de produire. Celle-ci va de pair avec les deadlines. Par le passé, j’ai eu des communautés payantes, et lorsque je ne produisais pas de contenus assez régulièrement je culpabilisais. Je suis douée pour créer des communautés, mais je dois désolidariser ce que je fais d’une quelconque obligation créative. Obligation et créativité ne vont pas bien ensemble quand il s’agit de moi.

Je ne veux pas de limites. Je m’en fous que les gens qui viennent lire mes livres s’en talquent de voir mes créations au crochet. Ils sont grands, ils peuvent facilement décider s’ils veulent lire/voir ce que je fais.

Ce qui ne m’a pas réussi par le passé

Quand je parle de réussite, c’est à la fois monétaire mais pas que—c’est aussi réussir à être contente de mon activité. L’argent c’est bien, il en faut pour vivre, mais ce n’est pas tout (et encore heureux!).

Gérer des communautés. Pendant longtemps j’ai géré une communauté sur l’autisme. Avant ça, une communauté sur l’écriture créative. Je me suis rendue compte que ça demandait beaucoup de travail, pour peu de résultats ou gratitude. Il m’a fallu gérer beaucoup de monde, et parmi les gens bien il y avait trop de peigne-culs qui aimaient mettre le boxon, ou d’askholes qui passaient leur temps à demander de l’aide sans jamais appliquer les conseils reçus. Je ne me vois pas tenir une nouvelle communauté. Par contre, je ne serai pas contre avoir un petit groupe de gens agréables dans un channel Discord—mais rien qui ne m’oblige à faire du présentiel, ou du contenu. Et donc, rien de monétisable (selon moi).

Ce qui m’a réussi par le passé

Coaching/consulting. Cela me prenait beaucoup d’énergie, donc je ne pense pas en faire très souvent, mais ponctuellement pourquoi pas, surtout si je vibe avec les personnes en face!

Écrire (des livres, des articles). J’ai publié beaucoup d’articles, et pas mal de livres. J’ai même été, le temps d’une semaine, USA Today Bestseller. Écrire, c’est à la fois un bonheur et une souffrance pour moi. Je ne perds pas espoir de me remettre à la fiction à un moment donné, mais encore une fois je ne veux rien m’imposer.

Créer des ressources pour faire des revenus passifs. Parce que ça me permet de passer d’une lubie à une autre, en bonne multipotentielle que je suis. Parce que cela consiste à utiliser mes talents artistiques (écriture, illustration) comme bon me semble. Parce que je peux varier les plaisirs et faire des trucs rigolus ou militants selon les envies du moment.

Partager mon cheminement de zéro. Ça, ça avait vraiment bien marché. Il y a des gens comme moi qui ont envie de savoir ce que les autres font, les détails de leurs activités, et combien on peut gagner potentiellement en faisant telle ou telle activité. Je pense que je n’hésiterai pas à partager à nouveau mes projets et mes revenus. Je m’en fiche que les gens voient que je touche trois euros dans le mois. Il faut bien commencer quelque part.

Faire des “petits” projets. Je me lasse vite s’il faut que je travaille pendant des semaines sur un même projet. Du coup, quand je me focalise sur des petits projets qui ne me prennent pas longtemps et sont vite finis, j’ai l’impression d’être productive et cela me booste.

Idées de sources de revenus

Publier des livresÉcrire des articles. Faire des illustrations. Partager des contenus vidéos sur YouTube. Mettre en place des sources de revenus passifs. Et toute autre activité qui me passera par la tête, qui me fera envie.

Je ne cherche plus à construire un empire financier depuis longtemps. Ça fait un moment que je ne value plus l’argent au-dessus du bien-être, même si parfois je replonge dans des idées noires par rapport à ma valeur si je ne rapporte pas d’argent (merci le capitalisme!). Je veux juste gagner de quoi arrondir les fins de mois, en faisant des choses qui me plaisent.

Est-ce que je loupe quelque chose dans ma réflexion?

2 Comments

  1. Patate des ténèbres

    Je ne sais pas pour toi, mais lorsque tu envisages d’harmoniser ton existence en créant ce que tu veux, en annonçant que tu ne souhaites plus te soucier du jugement des autres, tu as un “mur de l’amitié” qui se dresse, plein de bons conseils et d’opinions de proches, avec les fameux “tu as raison, mais…” Je te souhaite en tout cas de trouver un parfait équilibre créatif!

    Reply
    • Nathalie Julien

      Merci! 😊 Chacun a ses raisons de penser pareil ou différemment, tant qu’on ne m’impose rien et qu’on essaie de comprendre mon raisonnement, je ferai pareil avec autrui!

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Féministe multipotentielle et omnipassionnée. Neurospicy, malade chronique, et assidue de la slow life.

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