Soyons clair·e·s: je suis pas là pour vous donner des leçons, malgré le titre. Je n’en ai ni le droit, ni l’expérience nécessaire! Ni même l’envie, d’ailleurs—c’est un métier, et ce n’est pas le mien.

Par contre, je vais vous parler des leçons que moi j’ai tiré de mon propre parcours, aussi bien artistique que dans le cadre du développement personnel. Les deux sont liés, le second ayant eu une importance cruciale pour moi sur la réussite du premier.

Et par réussite, je veux être limpide: je ne parle pas de devenir riche à miyons ou hyper connue. Juste… de continuer à créer, à aimer ce que je fais, au lieu de tout laisser tomber par dépit—ce qui serait le véritable échec me concernant.

Je peux me remettre sur les rails autant de fois que nécessaire

Combien de fois ai-je changé d’avis sur comment procéder? Des miyons, vous aviez deviné.

Parce que je me suis souvent laissée influencer par ce que font les autres:

  • Les autres postent tous les jours? Moi aussi! Et paf, burnout.
  • Les autres ont un Patreon? Moi aussi! Et zou, ça me bloque, parce que je suis infichue de créer du contenu si j’ai une deadline.
  • Les autres font des vidéos? Moi aussi! Et là ça a marché un temps, mais être obligée de créer constamment pour plaire aux algos, ça ne marche pas pour moi.
  • Les autres ont un Discord? Moi aussi! Et puis y’a des cons qui s’infiltrent et j’ai envie de tout fermer.
  • Etc.

C’est pas grave. J’ai le droit de tenter des choses nouvelles. J’ai le droit d’admirer ce que font les autres, et vouloir essayer. D’ailleurs, ce n’est souvent que comme ça que je peux affiner ce qui va fonctionner pour moi. Ça ne veut pas dire que je ne peux pas changer d’avis après. Je peux me remettre sur les rails autant de fois que je veut, en fait: changer les choses, en commencer, en arrêter, selon ce qui marche le mieux pour ma façon de fonctionner.

Tout se passe mieux quand je suis mes envies et mon intuition

Encore une fois: c’est cool d’être inspirée par ce que font les autres. Mais je ne suis pas dans l’obligation d’en faire un modèle de vie, ni un modèle de business. Je prends ce qui me plaît, et j’adapte. J’en fais ma chose. Et surtout, j’arrête de suivre les conseils des autres aveuglément. Je fais confiance à mon intuition—à mes tripes, que j’ai trop souvent ignorées.

Si je cesse de suivre mes envies, par le simple fait de vouloir “faire comme les autres, qui réussissent, eux”, tu peux être sûr·e que ça va durer une semaine et qu’après je vais tout larguer. Parce que ce qui est moteur, chez moi, c’est l’envie. Et quand je cesse de suivre mon intuition, je vais sur des chemins qui ne me conviennent pas—après tout, je ne suis pas neurodivergente pour rien, et ce qui marche pour les valides ne va pas souvent marcher pour moi.

Du coup, j’évite:

  • les challenges—ils m’enchantent, mais je ne tiens pas le rythme, et ça me mène à la dépression et à la tristesse (ou carrément à un ennui si fort que je lâche l’affaire pendant des mois et passe à autre chose)
  • les obligations—je ne veux aucune obligation dans ma vie, ça nuit à ma créativité et ça nuit à ma capacité de finir des projets
  • les influences—j’essaie de trouver un juste milieu entre regarder ce que font les autres (parce que c’est toujours bon de savoir ce qu’il est possible de faire) et les imiter (parce que ça ne marche pas pour moi pour tellement de raisons)
  • la constance—parce que ça m’épuise, et ça me lasse… je préfère revenir régulièrement et persister dans un art, plutôt que de m’en dégoûter pendant des années

Au final, je pense que je cherche à revenir à ma légèreté d’enfant, où je n’avais aucune contrainte artistique, et où tout ce qui comptait c’était de m’amuser à créer. Le capitalisme, les injonctions sur ce qu’il faut/ne faut pas faire, tout cela m’a privée de ma liberté et de mon insouciance. Je cherche à revenir sur le chemin de la joie et du je-m’en-foutisme, parce que c’est là que je fais mon meilleur job.

Je suis libre dans mon art

Libre d’expérimenter. Libre de faire de la merde, et d’être malgré tout satisfaite de moi. Libre de changer d’avis. Libre de me foutre de l’opinion des autres. Libre d’ignorer les techniques de vente des autres. Libre de ne pas être parfaite et de ne pas tout savoir.

Libre de m’amuser.

Je me dois d’avoir confiance en moi et en ma façon de fonctionner

Dès l’instant où, bonne multipotentielle que je suis, je plonge dans l’univers des recherches autour de ma dernière obsession, j’engrange inévitablement aussi beaucoup d’injonctions de la part des experts de ce domaine.

C’est bien de savoir comment les autres font, et ce qui les a menés au succès (le succès étant tout relatif pour chacun·e d’entre nous). Mais c’est pas bien pour moi de vouloir prendre le même chemin. C’est très important que je me connaisse suffisamment pour savoir ce qui va marcher ou pas pour moi. Et je n’hésite plus à me poser des “règles” de rappel: pas d’obligations, pas de deadline, pas d’imitation, pas de constance!

Pendant longtemps, je pensais qu’il n’y avait que quelques manières de faire, parce qu’on n’entend que les “gourous” sur ces sujets-là, mais au fil des années j’ai rencontré de plus en plus d’artistes qui font l’opposé de ce qui est conseillé… et qui réussissent! Et ça, c’est génial pour moi qui ne peux pas suivre les conseils validistes.

Le succès n’a pas besoin de sacrifices ou de souffrances pour se manifester

L’art peut évidemment avoir une provenance dans notre souffrance, c’est clairement un moteur pour de nombreux artistes de tous les temps. Mais on a le droit—j’ai le droit—d’être artiste et heureuse. D’être poussée à créer, pas parce que la vie me déchire, mais par plaisir.

La persistance est plus viable que la constance

Pour mon petit corps et cerveau tout malades, la constance est une peste. La constance me rend malade, m’épuise, et me lasse. Je n’ai plus la force ni la gnaque pour tout ça—j’ai épuisé mes réserves tout au long de ma vie, et c’est tout juste si je vivote mon art de nos jours. La plupart de mon énergie est réservée à ma famille et mes responsabilités, au final.

La persistance m’évite la gerbe que provoque la constance. Je sais que je ne peux pas être là, présente, à artistifier tous les jours. Mais je sais aussi que, dès que j’en serai capable, je vais y revenir. Y reprendre plaisir. Finalement, terminer certaines choses, ou en commencer d’autres.

Garder le plaisir de faire au centre de mon art est essentiel

J’ai déjà donné le vomi d’art, poussé par le désespoir et la solitude. Pendant un temps, j’étais étonnée de voir que je n’avais plus ce besoin qui prend aux tripes de cracher ma souffrance sur le papier. Et puis, j’ai compris: je suis heureuse, enfin, pleinement. Je suis choyée. Je suis aimée. Je vis de façon sereine parmi ceux que j’aime.

Eh bien, franchement, ça me convient. Je ne ressens plus le besoin de passer chaque seconde de libre à m’évader, et du coup, je ne ressens plus le besoin de combler mon temps personnel à créer. Je profite, aussi. Je me repose. Et c’est le bien. Mon corps et mon cerveau ont besoin de ce temps de doudouterie pour fonctionner et repartir dans un mode créatif par la suite.

Je ne vis plus sur mon 1% de batterie mentale. Aujourd’hui, ma pile peut se recharger de façon plus prolongée, et je la laisse volontiers prendre le temps d’arriver à 120% de chargement si nécessaire.

Trouver le moyen de prendre du plaisir avec mon art, c’est m’assurer que cette pile ne se décharge plus comme avant. Cela aide même en partie à la recharger, parce que tout tourne autour du bonheur au lieu de ressentir un mal-être dont on ne peut pas se débarrasser. Plaisir, créativité et bonheur semblent enfin aller ensemble, dans mon quotidien.

Et toi, quelles leçons as-tu retenu pour la pratique de ton art ou de ta passion?

Je t’ai parlé aujourd’hui de quelques idées qui me passent par la tête dernièrement—mais ma vision des choses n’est pas la seule. As-tu une façon de penser différente que tu aimerais partager avec moi? Je suis toujours à l’affût de bonnes idées pour rendre la vie plus belle et plus créative! Je serais heureuse que tu me dises tout en commentaire!

4 Comments

  1. Patate des ténèbres

    Ah d’accord, eh bien tout comme toi, ou à peu près 🙂 Pour ce qui est de l’acte créatif, je dois constamment me canaliser car je n’arrête pas de penser, assembler des concepts, au point où ça m’en devient douloureux et nuisible pour la santé, je m’impose donc beaucoup de pauses, consistant à m’émerveiller du travail de vous autres, mais le plus souvent, à aller prendre l’air et parler avec des gens… Ce qui m’incite invariablement à vite revenir dans mon cocon pour créer à nouveau 🙂
    En tant qu’entrepreneur, j’ai appris à apprécier les contraintes artistiques de projets genre ateliers à thèmes ou escape game personnalisé. En fait, tant que je suis payé, je n’ai aucun problème à me mettre sous tension, avec des deadlines et des changements de DA de dernière minute. De fait, lorsque je le fais en bénévole, je n’ai pas non plus de problème. Je détache cependant totalement ces deux aspects de ma créativité, personnelle et professionnelle, ce sont pour moi deux univers identiques, mais ne se mélangeant pas.
    Concernant l’influence des artistes et des réseaux sociaux, les premiers me donnent surtout la patate pour m’améliorant ou me renseigner si ce sont des domaines que je ne pratique pas, les seconds sont d’utiles outils de communication, mais j’ai arrêté il y a quelques années de me soucier des algorithmes ou du succès artificiel des plateformes. Mes fils d’activité sont propres, je ne croise donc que des créatifs, j’ai ainsi l’internet que je souhaite!

    Reply
    • Nathalie Julien

      Quelle est cette copitance copiesque! 😀

      Je n’ai plus la peau assez dure pour entreprener créativement de façon suffisante pour en faire un métier. J’ai aussi besoin que les choses aillent dans mon sens du coup c’est pas toujours évident de collaborer, sauf si on tombe avec quelqu’un qui a plus ou moins les mêmes idées (ce qui est mon cas, j’ai de la chance!).

      J’utilise les résals pour m’inspirer, plus pour essayer de définir un plan marketing. J’ai le privilège de ne pas avoir besoin de travailler pour vivre, en tout cas pas pour l’instant, du coup j’essaie de profiter au maximum de faire ce qui me rend heureuse, sans obligations.

  2. Benoit

    Pour ma part :
    – Se laisser le temps de mûrir les projets. J’ai sous les yeux un projet que j’ai démarré il y a un an au moins, et qui est au point mort, ou plutôt qui tourne dans ma tête sur la phase suivante. Je ne vais pas culpabiliser parce que ça n’avance pas. Ca prendra le temps que ça prendra, et si je n’y travaille pas en ce moment, c’est que ça n’est pas prêt. Et c’est pas grave. Ca avancera quand ça voudra bien.
    – Prendre quelques notes rapides quand j’ai une idée, parce que j’ai aucune mémoire, que j’ai souvent des idées qui me semblent (au moins au début) géniales, et que je les oublie aussi vite. Donc noter, et avoir une liste dans laquelle piocher quand j’en ai envie, ça m’évite de chercher.
    – Pour ce qui est de regarder ce que les autres font, j’ai appris à me détacher de ce qu’il réalisent pour plus me concentrer sur la méthode, la réflexion, les outils, tout ce qui (dans le domaine de la menuiserie que j’attaque régulièrement) m’aidera, que je fasse ou pas la même chose qu’eux (spoiler alert : je me retrouve souvent face à un problème, à trouver la solution en me souvenant de ce que quelqu’un a fait dans un tout autre contexte).

    Reply
    • Nathalie Julien

      Je prends souvent des notes de choses qui me font envie de faire! Et j’évite de noter comment les faire, parce que pour ça j’ai YouTube—et surtout ça laisse la place à la créativité! 🙂

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Féministe multipotentielle et omnipassionnée. Neurospicy, malade chronique, et assidue de la slow life.

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